Enfin l'heure de la loto Dahlin

Quelque part dans un studio de télévision de Toronto samedi soir, la façon dont sortiront des balles numérotées d’un boulier risque d’avoir une influence majeure sur l’avenir d’un club de la LNH.

Tous les dépisteurs s’entendent pour dire que le défenseur suédois Rasmus Dahlin est l’espoir numéro un du repêchage du 22 juin prochain à Dallas, et l’identité du club qui obtiendra le premier choix de l’encan et pourra donc prononcer son nom sera connu à l’issue de la loterie annuelle du circuit Bettman.

« Depuis que la saison est terminée, je dis deux “Je vous salue Marie” par jour. Il est si bon que ça », confiait vendredi, sous le couvert de l’anonymat, un dépisteur d’un des 14 clubs qui auront une chance de remporter de jeu de « bingo » où des millions de dollars sont à l’enjeu.

« Il est un joueur “générationnel” comme Sidney Crosby ou Connor McDavid. Au même âge, il est en avance sur Victor Hedman (du Lightning de Tampa Bay). Il a probablement plus de flair offensif que lui. L’équipe qui va l’obtenir va avoir une super-étoile pour des années à venir, un joueur qui va mener le jeu de puissance, écouler des punitions, tout faire, quoi. En plus de son talent et sa vitesse, il est un leader né, le genre de gars autour duquel tu construis une équipe. Il n’a pas de défaut », a ajouté ce dépisteur.

Selon le système en vigueur depuis trois ans, tous les clubs ayant raté les séries auront des chances de gagner la loterie. Derniers au classement, les Sabres de Buffalo ont 18,5 % de chances de l’emporter, alors que les Sénateurs d’Ottawa, avant-derniers, en ont 13,5 %. Les Coyotes de l’Arizona suivent à 11,5 %, et le Canadien de Montréal vient ensuite à 9,5 %. Les chances diminuent jusqu’au 1 % des Panthers de la Floride. Les Islanders de New York (3,5 %) détiennent aussi le premier choix des Flames de Calgary (2,5 %), obtenu dans un échange.

À noter que ce sont des chances pour le premier choix. Il y a en fait trois loteries, pour les trois premières sélections. Les chances sont redistribuées après chaque tirage. Sans entrer dans tous les détails mathématiques, il suffit de dire que les Sénateurs, par exemple, ont 38,8 % de probabilités d’obtenir un des trois premiers choix.

Leur DG Pierre Dorion n’a pas voulu parler cette semaine de l’état d’esprit dans lequel il se présentera devant les caméras de TVA Sports et CBC/Sporsnet. Impossible de savoir s’il aura en poche le même porte-bonheur qu’il y a deux ans (un gant de golf appartenant à son défunt père), quand il avait conservé le 12e rang au repêchage avec seulement 2,5 % des chances d’obtenir le premier choix (Auston Matthews) qui était allé aux Maple Leafs de Toronto.

Pour ajouter du suspense à la soirée, les dirigeants de la LNH présenteront les choix 15 à 4 pendant l’émission d’avant-match du duel entre les Sharks de San Jose et les Golden Knights de Vegas, donc entre 19 h 30 et 20 h, alors que les trois premiers choix ne seront dévoilés par le commissaire adjoint Bill Daly qu’au deuxième entracte (vers les 21 h 30). Les représentants des trois équipes finalistes demeureront dans une salle fermée à double tour, sans moyen de communiquer les résultats avec le monde extérieur.

Le club gagnant obtiendra un joueur qui viendra régler plusieurs problèmes, mais qu’il serait prématuré de comparer au plus grand défenseur suédois de l’histoire, Nicklas Lidstrom. Ça, c’est le directeur du dépistage européen des Red Wings, Hakan Andersson, qui l’a dit cette semaine au Detroit Free Press. « Au fil des années, combien de joueurs repêchés au tout premier rang ont transformé une équipe ? Connor McDavid est un joueur de grand talent, mais les Oilers ratent encore les séries... Les gens veulent comparer Dahlin à Lidstrom. À son année de repêchage, Lidstrom jouait chez les juniors en Suède. Ce gars-là jouait chez les seniors et sur l’équipe nationale. Ça ne veut pas dire qu’il aura une meilleure carrière. Il n’est pas le premier joueur de 17-18 ans à être meilleur que Lidstrom. Mais le club qui va le repêcher peut espérer avoir un défenseur de classe mondiale. »

UNE LOTERIE À CAUSE DES SÉNATEURS

Elle devrait s’appeler la « loterie commémorative Alexandre Daigle ».

Si la Ligue nationale de hockey a décidé de tenir un tirage au sort pour déterminer l’équipe obtenant son tout premier choix au repêchage à compter de l’encan de 1995, c’est en grande partie parce qu’à la fin de leur misérable saison inaugurale de 1992-1993 où ils n’avaient gagné que 10 de leurs 84 matches, le propriétaire original des Sénateurs Bruce Firestone avait fait des « déclarations intempérées » à l’effet que son club n’avait pas tout fait en son pouvoir pour gagner des parties et « mériter » ce premier choix à la loyale. Ottawa et San Jose avaient fini à égalité avec 24 points, mais les Sharks les ont devancés parce qu’ils avaient une victoire de plus.

Les Sénateurs avaient donc pu repêcher Daigle, qu’ils voyaient comme un futur joueur de franchise bilingue capable de les amener à la terre promise, au repêchage tenu au Colisée de Québec. C’est le DG Randy Sexton, un bras droit de Firestone dans l’obtention de la franchise, qui avait annoncé la sélection. Comme le hasard fait drôlement les choses, il est maintenant l’adjoint au DG des Sabres de Buffalo, le club qui a terminé au dernier rang cette saison, mais qui n’a quand même que 18,5 % des chances de l’emporter samedi.

Les Sabres n’ont pas vu les balles de ping-pong sortir du boulier en leur faveur lors des deux dernières occasions où ils ont terminé dans la cave du classement, en 2014, quand les Panthers de la Floride ont sélectionné Aaron Ekblad, et en 2015. lorsque les Oilers d’Edmonton ont pu choisir Connor McDavid.

Seulement sept clubs de dernière place ont remporté la loterie, sauf que plusieurs ont pu obtenir le premier choix quand même étant donné que jusqu’en 2015, une équipe qui gagnait celle-ci ne pouvait grimper de plus de quatre rangs au repêchage. C’est ainsi que lors de la première loterie tenue en 1995, les Sénateurs ont pu garder le premier choix et sélectionner Bryan Berard (plus tard échangé pour obtenir Wade Redden), vu que les Kings de Los Angeles, bénis par le sort, n’avaient pu monter que du septième au troisième rang. Ottawa a gagné la loterie l’année suivante après avoir à nouveau pris la dernière place, choisissant Chris Phillips.

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