À une vitesse un peu folle, les astres continuent de s'aligner pour le groupe d'investisseurs désireux de ramener une équipe de baseball majeur à Montréal.
Jeudi matin, le groupe piloté par Stephen Bronfman a publié un communiqué faisant état des résultats d’une vaste consultation mise en branle l’été dernier. Cette grande étude de marché, menée par la (très spécialisée) firme américaine CSL International, visait à mesurer l’enthousiasme de la population et de la communauté d’affaires envers un éventuel retour des Expos.
Au moment même où ce bilan était diffusé, monsieur Bronfman était de passage au bureau montréalais du premier ministre François Legault afin de l’informer des tenants et aboutissants du projet. Puis, en après-midi, le leader du groupe d’investisseurs s’est prêté à une courte série d’entrevues individuelles au cours desquelles le message lancé était on ne peut plus clair : « Nous sommes heureux des résultats de l’étude et nous sommes vraiment prêts ».
Lors de son entrevue avec Radio-Canada Sports, Stephen Bronfman s’est même aventuré un peu plus loin, en faisant savoir que la prochaine démarche de son groupe visera à dévoiler publiquement l’emplacement choisi pour y construire le futur stade des Expos 2.0.
« L’annonce du site, ce sera vraiment gros pour nous. Il faut concrétiser. Ce sera l’occasion de faire notre bilan, de montrer que nous avons fait nos devoirs et de vraiment démontrer à la MLB que nous sommes prêts à commencer », a-t-il lancé. Sentant que le projet chemine et a le vent dans les voiles, M. Bronfman espère pouvoir faire cette annonce à court terme.
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Candidement, Stephen Bronfman a toutefois laissé savoir que le projet ne pourra se concrétiser sans une aide gouvernementale.
Les Marlins de la Floride, l’organisation dont la valeur était la plus basse dans la MLB, ont été vendus pour 1,2 milliard l’année dernière. En gros, les concessions les moins chères de la MLB valent à peu près la même chose que le Canadien (qui vaut désormais 1,3 milliard selon le magazine Forbes). La valeur moyenne des équipes de la MLB s’établit quant à elle à 1,645 milliard.
« Ce ne sera pas un projet 100 % privé. Nous aurons besoin d’un peu d’aide. Il n’y aura pas d’argent de la Ville de Montréal [d'investi], mais ce projet en est un qui doit se réaliser en équipe. On a besoin de parler avec le premier ministre [Legault] et d’avoir de bonnes relations avec la Ville, ce qui est le cas. Mais ce n’est pas encore le temps de discuter de cet aspect, parce que nous ne sommes pas concrètement arrivés à l’étape de révéler en quoi consiste le plan d’affaires », explique-t-il.
« Quand le plan sera ficelé dans son ensemble, nous offrirons toutes les informations et ce seront de bonnes informations. »
Dans le communiqué publié jeudi (les principales conclusions des études menées l’été dernier), la communauté d’affaires souligne que pour assurer le succès du projet, des espaces adjacents au futur stade devront être disponibles pour y faire du développement connexe.
Aménager de véritables quartiers autour de nouveaux stades est une stratégie d’affaires et de revitalisation urbaine qui s’est avérée nettement gagnante dans des villes comme San Francisco et Saint Louis.
« Les meilleurs stades, comme ceux de Boston et de Chicago, sont imbriqués au cœur de quartiers centraux, fait valoir Stephen Bronfman. Nous n’avons pas d’espace de ce genre qui est disponible au centre-ville de Montréal, mais il y en a autour. Nous ne voulons pas d’un environnement où il n’y aurait qu’un stade. Nous voulons que le stade fasse partie d’un voisinage, d’un quartier que les gens auront du plaisir à fréquenter. Un peu comme c’est le cas avec le Centre Bell. »
Dans le monde du sport professionnel, les projets nécessitant l’injection de fonds publics ont l’habitude de faire face à de nombreux obstacles et de traîner durant des années. Mais Stephen Bronfman n’hésite pas une seconde lorsqu’on lui demande si son groupe sera prêt si la MLB lui ouvre rapidement les portes.
« Nous sommes vraiment prêts », dit-il, d’un ton convaincant.
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Ces rebondissements surviennent 48 heures après que le propriétaire des Rays de Tampa Bay, Stu Sternberg, a profité des assises du baseball majeur, tenues à Las Vegas, pour faire savoir qu’il considère comme « mort » le projet de nouveau stade sur lequel il planchait depuis trois ans avec les élus et la communauté d’affaires de Tampa.
Sternberg ambitionne de construire un stade de 28 000 places, d’une valeur de quelque 900 millions de dollars dans le quartier YBOR. Mais il a besoin d’une aide financière – largement publique – de plus de 700 millions pour y parvenir. Et il est incapable de conclure les alliances nécessaires.
« Nous avons maintenant deux prises contre nous », a déclaré Sternberg. Le commissaire de la MBL, Rob Manfred, a renchéri en diffusant une lettre adressée aux autorités publiques de Tampa et du comté de Hillsborough. La missive du commissaire soutient totalement la position de Sternberg.
Plus que jamais, les Rays semblent branchés sur un respirateur artificiel. Avant-derniers au chapitre des assistances au cours de la dernière saison, malgré une récolte de 90 victoires, les Rays ont attiré les plus maigres foules du baseball majeur de 2012 à 2017.
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« C’est dommage, ce qui se passe à Tampa. Je regarde cela de loin. De notre côté, nous faisons les choses exactement comme le commissaire le souhaite. Nous ne marchons sur les pieds de personne et nous ne poussons pas trop fort », a réagi Stephen Bronfman, en entrevue avec Radio-Canada Sports.
Le leader du groupe montréalais a néanmoins confié qu’il consacre une partie de son temps à soigner les relations de son groupe avec les propriétaires de la MLB, qui seront éventuellement appelés à se prononcer sur le retour des Expos. « Nous voulons être perçus d’un bon œil et que les gens sachent que nous serons prêts, soit en cas d’expansion, soit en cas de relocalisation d’une équipe », a-t-il expliqué.
Lors de dernière Série mondiale, Stephen Bronfman et Mitch Garber ont notamment été accueillis par les propriétaires des Red Sox de Boston, John Henry et Tom Werner.
Les relations du groupe montréalais avec la MLB sont à ce point étroites qu’on a demandé l’approbation du baseball majeur avant de diffuser l’enthousiaste communiqué dont les médias montréalais ont pris connaissance jeudi.
Le document souligne que Montréal se classerait au 15e rang sur les 27 marchés de la MLB quant à la taille de sa population métropolitaine. Le revenu médian des ménages se situerait au 18e rang, tandis que le nombre de sociétés affichant des ventes annuelles d’au moins 5 millions et embauchant au moins 25 personnes placerait Montréal au 19e rang.
Mais ce sont les chiffres faisant état d’une participation volontaire de près de 14 000 personnes à un vaste sondage mené l’été dernier qui enthousiasment le plus Stephen Bronfman. Pas moins de 96 % d’entre eux auraient fait part d’une intention initiale d’acheter des billets pour assister à des matchs.
« La firme CSL est un leader mondial dans l’étude et la conception de plans d’affaires pour les stades. Leurs représentants m’ont dit qu’ils avaient vraiment été impressionnés par ce niveau de participation », dit-il.
Outre ce vaste sondage, six groupes de discussion ont été rencontrés par CSL et les dirigeants de 13 entreprises québécoises majeures ont été consultés.
Comme révélé dans cette chronique l’été dernier, les amateurs et les gens d’affaires consultés privilégient la construction d’un stade assez intimiste de 32 000 places dont le cachet et le design seraient résolument montréalais.
« C’est excitant de faire cet exercice avec les Montréalais, afin de savoir ce qu’ils veulent et comment ils voient ça. Nous voulons un stade qui sera très accueillant, chaleureux et assez vivant. En consultant les gens, nous ferons un meilleur stade qui restera pertinent pendant très longtemps. »
La compilation des études faites l’été dernier conclut à un « vif intérêt » pour tous les types de forfaits offerts dans le futur stade. Les billets d’admission générale et les sièges à valeur ajoutée (loges, suites situées à proximité du terrain) sont convoités. Il s’agit d’un aspect très important du plan d’affaires, parce que les sièges à valeur ajoutée comptent pour 20 % des sièges offerts dans un stade, mais génèrent 80 % des revenus.
Tous les gens d’affaires interrogés auraient signifié leur intention d’acheter des billets et 75 % d’entre eux ont fait part d’une préférence pour les sièges à valeur ajoutée.
« Ce sont des chiffres très, très forts », constate Stephen Bronfman.
Si un soutien corporatif aussi fort devait effectivement se matérialiser, le baseball majeur pourrait effectivement connaître un fort succès à Montréal.
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