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Cyberintimidation: Maxime Comtois tourne la page | Jean-François Tremblay | Hockey junior - LaPresse.ca

(Drummondville) Au fond, dans l'histoire de Maxime Comtois, il restait une grande question toujours sans réponse: un problème de 2019 a-t-il trouvé des solutions de 2019?

Tout le reste est un peu tombé dans le consensus. Personne avec une once de jugement ne va trouver normal que des gens, assis dans leur salon, souhaitent la mort (entre autres...) d'un joueur de hockey de 19 ans sur Instagram. On le répète, 19 ans au moment des faits. Et on parle ici d'un joueur de hockey, qui ne fait que jouer au hockey, pas d'un dictateur sanguinaire.

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Tout ça pour avoir raté un tir de pénalité en quarts de finale du Championnat du monde junior? N'ayons pas peur des mots, c'est un exceptionnel déficit d'humanité.

Ceci dit, il est aussi tombé dans le consensus que ces commentaires orduriers anonymes ne disparaîtront pas. C'est trop facile de déverser ainsi sa rage et la dénonciation, aussi nécessaire soit-elle, ne réglera pas tout. Comtois en est fort conscient, comme la plupart des athlètes qui s'affichent sur les réseaux sociaux d'ailleurs.

«Ça fait partie de la business, ça fait partie de mon bagage d'expérience maintenant, a dit Comtois dans un point de presse à Drummondville. Aussi bien le vivre maintenant que plus tard. Je vais être prêt si ça arrive encore. Je ne serai pas le premier ni le dernier à qui ça va arriver.»

Mais est-ce que ça fait vraiment partie «de la business» ? Il y a une certaine résignation dans sa réponse.

«Je pense que oui. On ne veut pas le voir, mais ça arrive trop souvent à l'ère des médias sociaux. Je ne suis pas le seul. [...] Les médias sociaux font partie de notre quotidien. C'est à nous de bien gérer ça. Comme athlète, il faut se faire une carapace et apprendre à vivre avec ça.»

Il est aussi de l'avis général que de tels comportements en ligne font mal aux victimes. Des fondations entières sont consacrées à combattre ce fléau. L'école québécoise en a fait une de ses causes. Comtois, lui, est devenu du jour au lendemain l'exemple parfait des débordements émotifs numériques. Si ça peut faire oeuvre utile, il veut en profiter pour passer son message.  

«On vit déjà assez de pression à 18 ou 19 ans. Pas mal plus que certaines personnes peuvent en vivre dans toute leur vie. On va en vivre des défaites, comme tout le monde. En étant athlète, c'est sur une plus grande scène. Mais peu importe qui vit ça, on doit en parler et s'assurer que tu le vis bien, que tu as de bonnes solutions pour contrer ça. C'était le message que je voulais envoyer.»

Et c'est là toute la question autour de Comtois. Parce que vu de l'extérieur, le mutisme le plus assourdissant est venu de Hockey Canada. À écouter les réactions mièvres de leurs dirigeants, on pouvait se demander, avec raison, s'ils étaient prêts à faire face à une telle tempête nouveau genre. Tom Renney a quand même dit sur le coup qu'il n'avait pas lu les insultes et qu'il n'allait pas les commenter.

La séquence des événements

Comtois raconte qu'il a été mis au courant de ce qui se passait après s'être changé, quand il a pris son téléphone. Il avait reçu des messages de membres de sa famille. Il a rapidement désactivé les commentaires sur Instagram, avant tout dit-il, pour protéger les siens. N'empêche, il avait eu le temps d'en lire certains.

Il jure qu'il n'a jamais craint pour sa sécurité et que Hockey Canada, malgré les apparences, a fait sa juste part.

«Hockey Canada a fait un travail hors des caméras. Ils m'ont aidé à bien gérer mes réseaux sociaux, à fermer mes commentaires. Ils ont pris contact avec ma famille. Ils ont fait un bon travail pour m'aider. Les Voltigeurs de Drummondville (son équipe junior) m'ont aussi appelé tout de suite après pour que tout soit en ordre.»

Comtois a ensuite pu profiter d'un répit en prenant l'avion, dès le lendemain, de Vancouver (où avait lieu le Mondial junior) en direction d'Anaheim. Les Ducks, pour qui il a joué 10 matchs en début de saison, voulaient qu'il passe quelques tests pour juger de la gravité de sa blessure à l'épaule gauche. De ce côté, tout va bien, Comtois se dit au jour le jour et pourrait même recommencer à jouer dès vendredi.

À Anaheim, Comtois raconte qu'il a aussi obtenu l'appui de son équipe de la LNH. En fait, c'était un peu plus discret, on lui a simplement fait comprendre qu'on était là en cas de besoin. Il a aussi reçu plusieurs messages d'encouragement d'un peu partout à travers la LNH, notamment de Sidney Crosby.  

«Plusieurs joueurs m'ont texté. J'ai eu la chance de parler à Sidney Crosby quand il est venu à Anaheim. C'est mon idole, ça m'a fait chaud au coeur. J'ai eu des messages de joueurs dans la LNH qui ont trouvé ça dommage. Quand tu t'attaques à un joueur de hockey, tu t'attaques à la planète hockey au complet. Ça m'a fait chaud au coeur que le monde soit derrière moi.»

En fait, après les 24 premières heures plus pénibles, il était déjà passé au prochain appel. Pour chaque insulte, il estime avoir reçu 15 messages positifs. Il ne porte pas vraiment attention aux médias sociaux, et ça ne changera pas. De toute façon, ajoute-t-il, il a assez confiance en ses moyens pour ne pas chercher de validation sur ses diverses plateformes. Comtois va même encore plus loin: si tout ça était à refaire demain matin, il n'hésiterait pas une seule seconde pour avoir la chance de représenter son pays.

Comtois va se relever de sa mésaventure, mais elle doit avoir servi de leçon. Aux internautes d'abord, de modérer leurs ardeurs. Aux organisations aussi, qui doivent s'assurer d'avoir des solutions de 2019 à des problèmes de 2019.

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