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Hockey Les 40 ans des Nordiques - Le Journal de Québec

Ç’a l’air facile, comme ça, de faire un cahier sur les 40 ans de la première édition des Nordiques de Québec dans la LNH, en 1979.

Il n’y a qu’à retrouver les joueurs et à leur parler.

Mais voilà, il s’en passe, des choses, en 40 ans.

Mais je me suis dit : «Ça va bien aller, je vais confier ça à Stéphane Cadorette.» Son père, le regretté Claude Cadorette, a couvert les Nordiques en compagnie d’Albert Ladouceur dès leur entrée dans la LNH. C’était comme la passation d’un flambeau.

Mais les Nordiques de 1979 n’ont pas été faciles à retrouver. D’abord, ils sont presque tous à la retraite. Certains, même, sont morts. Nous n’avions aucune piste pour plusieurs d’entre eux, et il aura fallu plus de deux mois pour tous les retrouver.

Si certains habitent encore à Québec, comme Réal Cloutier, Marc Tardif, Alain Côté et Pierre Lacroix, d’autres vivent ailleurs au Canada, et plusieurs aux États-Unis.

Vous apprendrez ce qu’ils sont devenus, mais surtout quels souvenirs ils gardent de cette toute première saison des Fleurdelisés dans la LNH.

Vous découvrirez que c’est la religion qui a sauvé l’ex-gardien Michel Dion, que Robbie Ftorek était venu à Québec grâce à l’expérience vécue au Tournoi pee-wee, et vous revivrez les péripéties contractuelles de Michel Goulet à ses débuts. D’autres anciens, comme Réal Cloutier, gardent un souvenir amer de la fin de leur association avec les Nordiques et se confient.

Bonne lecture.

Photo d'archives

Le 10 octobre 1979, les projecteurs du Colisée et de la LNH se sont tournés vers les Nordiques, qui disputaient leur premier match dans la ligue après six saisons dans l'Aassociation mondiale.

Une épopée aux multiples embuches

Les Nordiques ont rejoint la LNH il y a 40 ans, envers et contre tous

Le 30 mars 1979, les Nordiques intégraient les rangs de la LNH. Le rêve impossible s’est concrétisé, malgré le scepticisme ambiant, les réticences évidentes de la Ligue nationale et l’opposition farouche des éventuels ennemis jurés à l’autre bout de l’A20. Au grand dam du puissant Canadien de Montréal, une rivalité qui allait enflammer le Québec tout entier venait de naître, envers et contre tous.

Installés depuis 1972 dans l’Association mondiale de hockey (AMH), les Nordiques étaient déterminés à faire le saut dans le grand circuit. La LNH, pour sa part, ne cachait pas sa détermination à intégrer les meilleurs survivants du circuit maudit à titre d’équipes d’expansion.

Photo d'archives

Durant les cérémonies d'avant-match en prévision du duel inaugural à Québec face aux Flames d'Atlanta, plusieurs personnalités publiques ont foulé le centre de la glace, dont le premier ministre du Québec de l'époque, René Lévesque. Après la mise au jeu protocolaire, le capitaine Robbie Ftorek lui a serré la pince.

Les premières rencontres à cet effet, dès 1977, ont vite avorté. Le ressentiment des gros bonnets de la LNH à l’égard d’une ligue qui lui avait volé plus d’une quarantaine de joueurs au fil des ans envenimait les négociations.

En sol canadien, les Maple Leafs, les Canucks et le Canadien ne voulaient rien savoir d’une expansion au pays qui passerait par Edmonton, Winnipeg… et encore moins d’une expansion qui passerait par Québec! «Jacques Courtois, qui était président du Canadien [de 1972 à 1978], m’avait dit que jamais Québec n’intégrerait les rangs de la LNH. Jamais!» se souvient l’ancien directeur des sports au Journal de Québec, Claude Bédard, qui a vécu de près les tractations en coulisses à l’époque.

«Lors d’une réunion à Key Largo, à la fin mars, ça brassait! Après la rencontre, Sam Pollock, qui en était à ses derniers moments dans la direction du Canadien, s’était sauvé à la course en balbutiant quelques mots pour laisser entendre qu’il n’y avait toujours pas d’entente, mais que ça pourrait encore se régler éventuellement.

«Pollock ne voulait pas porter l’odieux, mais il nous a été confirmé que lui et le Canadien avaient mené la charge contre une expansion canadienne. Quand leur position a été connue, il y a eu un mouvement de protestation dans tout le pays et, à Québec, les produits Molson étaient vidés des commerces», ajoute-t-il.

Photo d'archives

Pour souligner en grande pompe l'accession des Nordiques à la LNH, joueurs et membres de l'organisation ont été reçus à l'Assemblée nationale avant la saison.

Conditions difficiles

Quand l’adhésion des Nordiques, des Oilers, des Jets et des Whalers a été officialisée le 30 mars 1979, les gens peinaient encore à y croire. Mais ce n’était pas comme si la LNH ouvrait la porte toute grande à ses nouveaux membres.

«Au repêchage de 1979, les Nordiques parlaient au 20e rang. C’est dire à quel point la ligue les adorait!» rigole M. Bédard.

«Il y avait aussi une obligation ferme d’agrandir le Colisée, des contrats de joueurs avaient été imposés et les droits de télé avaient été refusés pour cinq ans. Comme propriétaire, Marcel Aubut ne s’est jamais laissé décontenancer et a trouvé des moyens ingénieux, comme les publicités sur les bandes, qui ont été reprises partout depuis, pour soutirer des revenus.»

Photo d'archives

Même s'ils avaient les mains plutôt liées en raisons de règles restrictives, le premier entraîneur-chef des Nordiques dans la LNH, Jacques Demers, ainsi que le directeur général, Maurice Filion, affichaient une mine fière lors du repêchage d'expansion.

De petits cousins à ennemis

Au départ, l’animosité qui régnait entre les dirigeants du Canadien et des Nordiques ne se transposait pas forcément chez les amateurs. Le 13 octobre, pour une première fois depuis 1938, deux clubs du Québec s’affrontaient, quand les Nordiques et le Tricolore ont sauté sur la glace du Forum.

«J’y étais et les Nordiques ont eu droit à une ovation à Montréal avant et après la défaite de 3-1. Je n’y croyais pas! C’était un peu les petits cousins pas dérangeants de Québec qui étaient en ville. Quand les Nordiques ont surpris tout le monde en battant les Canadiens [5-4] le 28 octobre au Colisée, Québec était en liesse et la rivalité s’est installée», se remémore Claude Bédard. Pendant de longues années, qui ont mené à la fondation de l’AMH, les gens de Québec ne pouvaient que rêver, sans trop y croire, au jour où leurs Nordiques intégreraient la LNH. Maintenant que c’était fait, le plus dur restait à accomplir.

«Dans les années 1970, ceux qui y croyaient, comme moi, se faisaient planter et traiter de rêveurs. C’est en 1979 qu’on a réalisé la somme de tous les efforts.

«C’est dommage, parce qu’en 15 ans dans la Ligue nationale, on n’a jamais vraiment trouvé la fierté distinctive d’une grande ville qui veut prendre sa place. Même une fois bien implantés dans la ligue, on a toujours été assujettis à Montréal et à la ligue, comme une grande main invisible au-dessus de l’organisation. Ça nous a nui à long terme», déplore encore aujourd’hui l’ancien journaliste.

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