Steven Butler a perdu par mise de combat technique à la fin du cinquième round. C’est dramatique parce que dans la boxe, tout est dramatique.
Mais dans les faits, Butler a subi la deuxième défaite de sa carrière. C’est six défaites de moins que le Canadien en deux semaines en novembre dernier.
Certains ont eu l’audace de demander le départ de Marc Bergevin, mais personne n’a traité les joueurs de chaudrons parce qu’ils en avaient perdu huit collées. Et personne n’a soulevé que gagnent ou perdent, vos mignons allaient continuer à gagner leurs trois millions et demi par année.
Merci de votre bon jugement et de votre discernement. Maintenant, parlons boxe.
adversaire redoutable
Steven Butler n’a jamais été capable de sortir de son cocon pendant son combat contre Ryota Murata. Je n’ai jamais senti la puissance de ses coups ni les enchaînements dont il est capable. Et l’analyste du réseau ESPN a même lancé au quatrième round que Butler ne semblait pas savoir quoi faire après avoir atteint la cible à quelques reprises.
Il y a deux éléments de réponse. Le premier, c’est la qualité de l’opposition. Se battre contre un ancien médaillé d’or aux Jeux olympiques et un champion du monde aguerri de 33 ans, ce n’est pas la même histoire qu’un samedi après-midi au Casino.
Les coups viennent vite, ils viennent sec et ils font partie d’une stratégie, d’une pensée. À partir du troisième round, Murata savait où il s’en allait et comment y aller. Butler, lui, perdait ses repères.
L’autre élément, c’est la déshydratation. Butler aurait perdu une douzaine de livres dans les deux jours précédant la pesée. C’est énorme. Son manque de puissance peut dépendre d’une trop grande perte de poids.
PRESSION ET STRESS
Et il y a la pression et le stress. Steven Butler n’a que 24 ans. C’était seulement son deuxième combat en dehors du pays. Tokyo n’est pas Rimouski. Juste à voir le visage tendu de Jean-François Bergeron et de Rénald Boisvert alors qu’ils marchaient vers le ring derrière leur boxeur, j’ai senti tout le poids du monde sur leurs épaules.
Tout était nouveau. Le Ô Canada, les présentations, le rituel, la grandeur du moment avec la blonde, le père et la mère dans la foule, même le jeune homme le plus solide ne pouvait faire autrement que de sentir le poids des espoirs et de la tension chez ses proches.
Cela dit, même si Butler tenait bien son bout pendant les deux premiers rounds, l’observateur le moindrement expérimenté constatait que les jabs de Murata, cette arme des champions, faisaient des ravages. Des jabs aussi lourds et précis finissent par miner les réflexes et surtout le courage d’un boxeur.
Et ces jabs préparaient le terrain pour la droite. Ce travail de sape, on l’a senti devant l’écran, Butler a dû le sentir dans le ring.
SEULEMENT 24 ANS
La défaite dramatique (encore !) contre Brandon Cook a été le tremplin de Butler vers un combat de championnat. Après s’être fait passer le knock-out, il a surmonté la déprime et s’est remis au travail. J’ai aimé que son promoteur Camille Estephan rappelle ce chemin de Damas. Ryota Murata peut jouer le même rôle dans la poursuite de la carrière de Steven Butler.
Si Rénald Boisvert et Jean-François Bergeron demeurent les entraîneurs de Butler, ils savent maintenant ce que leur homme doit améliorer. Et l’amélioration de Butler va commencer par leur propre amélioration. L’oxygène est raréfié au sommet. Autant pour les entraîneurs que pour les boxeurs. Eux aussi ont du travail qui les attend.
Butler a besoin d’une meilleure défensive articulée autour d’un jab plus précis et plus dangereux. Et une bien meilleure capacité d’enchaîner les combinaisons quand le moment le permet dans un combat.
Steven Butler n’a pas fait comme Kevin Bizier contre Kell Brook en Grande-Bretagne. Il s’est battu. Il a essayé vaillamment et a tiré son épingle du jeu pendant les deux premiers rounds. Il lui reste à maîtriser l’art de la boxe.
Il n’a que 24 ans. Il va encore progresser. Il est allé se frotter aux énormes pointures mondiales. Malgré la défaite, Butler y a pris goût. Le connaissant, dans trois semaines, il va rêver de reprendre la route.
Une blonde, deux beaux enfants, une maison, 24 ans. Les bases sont solides. Reste à tirer profit de la leçon de Tokyo.
DANS LE CALEPIN | Guy Lafleur poursuit sa convalescence à la maison. Il prend du mieux. Joyeux Noël à Guy, Lise, Martin et Mark. On annonce que 2020 va être extraordinaire. Et joyeux Noël à tous les lecteurs. On se chicane des fois, mais dans le fond, vous êtes la raison d’être du métier. Je vous souhaite un printemps fou avec le Canadien dans les séries. Moi, je pars pour Atlanta couvrir le combat de Jean Pascal contre Badou Jack. Yves Ulysse a perdu en Californie, Erik Bazinyan a gagné, en Californie lui aussi, Steven Butler a perdu au Japon. Pour jouer pour ,500 dans les gros combats sur la route, faut que Pascal gagne...
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