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Vente des Alouettes: cinq groupes québécois avaient l'argent nécessaire - La Presse

Cinq groupes d’actionnaires québécois avaient les fonds nécessaires pour acheter les Alouettes de Montréal, a appris La Presse.

Vincent Brousseau-Pouliot Vincent Brousseau-Pouliot
La Presse

Après un feuilleton d’un an, l’équipe de la Ligue canadienne de football a finalement été vendue cette semaine à deux hommes d’affaires ontariens, Sid Spiegel et Gary Stern.

Sauf que l’équipe de football devait originalement être vendue à un groupe mené par les frères Jeffrey et Peter Lenkov, deux Québécois qui font carrière à Los Angeles dans l’industrie du divertissement depuis des décennies. Selon nos informations, les frères Lenkov avaient conclu une entente de principe avec la Ligue canadienne de football (LCF) à la fin de novembre pour acheter les Alouettes. Les frères Lenkov et la LCF s’étaient alors entendus sur toutes les conditions majeures de la vente. Il ne restait plus aux frères Lenkov qu’à finaliser leur entente interne au sein de leur groupe d’actionnaires.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Selon nos informations, Peter Lenkov (notre photo) et son frère Jeffrey auraient conclu une entente de principe avec la Ligue canadienne de football (LCF) à la fin de novembre pour acheter les Alouettes de Montréal.

Au moment de s’entendre entre eux et avec les autres actionnaires du groupe, les deux frères Lenkov ont eu une mésentente sur le plan financier. En raison de cette mésentente, la transaction a avorté et les frères Lenkov ont dû renoncer à acheter les Alouettes.

Le groupe des frères Lenkov comprenait les frères Lenkov, la firme montréalaise Claridge, qui appartient à l’homme d’affaires Stephen Bronfman, ainsi que plusieurs investisseurs du Canada et des États-Unis. Ensemble, les frères Lenkov et Claridge auraient été actionnaires majoritaires des Alouettes.

Après le retrait du groupe des Lenkov, la LCF a vendu les Alouettes lundi dernier à deux hommes d’affaires ontariens, Sid Spiegel et Gary Stern, qui possèdent notamment la société d’acier Crawford Steel, fondée par Spiegel en 1944. La transaction s’est conclue en seulement trois semaines, un délai extrêmement court pour ce genre de transaction.

L’offre du duo Spiegel et Stern respectait toutefois deux conditions très importantes pour la LCF : en premier lieu, avoir environ 15 millions de dollars pour démontrer la viabilité financière du groupe de propriétaires, puis accepter d’éponger toutes les pertes des Alouettes dès la saison 2020.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Gary Stern (notre photo) a rencontré les médias, lundi, après que lui et son partenaire Sid Spiegel eurent acheté les Alouettes de Montréal.

« Gary nous a dit qu’ils [MM. Stern et Spiegel] voulaient acheter l’équipe et qu’ils voulaient être responsables de l’équipe, a dit Randy Ambrosie, commissaire de la LCF, en point de presse lundi lors de la présentation des nouveaux propriétaires des Alouettes. Point à la ligne. Qu’ils n’allaient pas demander à nos partenaires [les huit autres équipes] de les aider parce qu’ils avaient leur propre équipe à gérer. Ce fut l’un des facteurs importants. » M. Ambrosie a décliné notre demande d’entrevue mardi à propos du processus de vente des Alouettes.

[MM. Stern et Spiegel] ont dit qu’ils étaient ouverts à la possibilité d’avoir un partenaire québécois si quelqu’un voulait se joindre à eux et investir.

Randy Ambrosie, commissaire de la LCF, en point de presse lundi

Au total, la LCF a indiqué avoir discuté avec entre 7 et 10 groupes qui avaient un intérêt pour l’achat des Alouettes.

Les Lenkov et Claridge n’étaient pas les seuls investisseurs québécois qui souhaitaient acheter les Alouettes de Montréal.

Tout au long du processus de vente qui a commencé à l’hiver 2019 — la LCF est devenue officiellement propriétaire des Alouettes en mai avec l’intention de vendre l’équipe —, cinq groupes d’investisseurs québécois ont présenté un montage financier à la LCF pour acheter les Alouettes, selon nos informations. Un sixième investisseur québécois, l’homme d’affaires Vincent Guzzo, a aussi eu des discussions avancées avec la LCF.

Trois des cinq groupes d’investisseurs québécois avec des montages financiers ont fait part de leurs intentions publiquement durant l’été : le groupe des frères Lenkov, le groupe mené par l’ancien joueur des Alouettes Éric Lapointe (qui travaille aujourd’hui dans le milieu financier) et Clifford Starke, financier d’origine montréalaise devenu millionnaire en investissant dans le cannabis médicinal. Deux autres groupes d’investisseurs québécois, qui sont restés discrets dans les médias, ont aussi présenté un montage financier à la LCF.

Les cinq groupes d’investisseurs québécois avaient tous satisfait aux conditions de santé financière imposées par la LCF pour démontrer qu’ils avaient les reins assez solides pour acheter les Alouettes. En résumé, il fallait être capable de recueillir une somme d’environ 15 millions jugée nécessaire par la LCF pour relancer les Alouettes à moyen terme.

Pas d’intermédiaire indépendant entre les groupes et la LCF

Pour vendre les Alouettes, la LCF aurait pu organiser un appel de propositions indépendant et neutre pour tous les groupes qui souhaitaient déposer une offre, comme c’est habituellement le cas dans ce genre de dossier.

Mais la LCF a préféré gérer elle-même le processus de vente de l’équipe, une décision qui a déplu au final à plusieurs des groupes d’investisseurs québécois – certains ont eu l’impression de ne pas être pris au sérieux et que tous les groupes n’étaient pas traités de la même façon.

Rapidement au cours du processus de vente, la LCF a décidé de négocier en priorité avec le groupe des frères Lenkov. Au début de l’été, la LCF a accordé une fenêtre de négociation exclusive au groupe des frères Lenkov. Clifford Starke s’est ainsi retiré du processus de vente le 2 juillet dernier.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Éric Lapointe, ancien joueur des Alouettes qui œuvre aujourd’hui dans le milieu financier, a exprimé son désir d’acheter la formation montréalaise durant l’été.

Le groupe d’Éric Lapointe a été écarté par la LCF même s’il avait les fonds nécessaires demandés pour relancer les Alouettes. Selon nos informations, la LCF n’a pas apprécié les déclarations publiques d’Éric Lapointe dans les médias au cours du processus de vente. À tort ou à raison, la LCF avait perdu confiance en lui.

La ligue a été plus indulgente envers Jeffrey Lenkov, qui a étonné les observateurs en faisant un discours dans le vestiaire des Alouettes après une victoire en juillet.

Au début des négociations, les frères Lenkov et plusieurs autres groupes québécois demandaient à la LCF d’absorber une partie des pertes financières des Alouettes pour plusieurs saisons, dont la saison 2020. La LCF est toutefois demeurée très ferme : elle acceptait d’absorber les pertes des Alouettes pour la saison 2019 (des pertes qui varient entre 5 et 10 millions de dollars par saison), mais pas pour les saisons suivantes. Dans leur entente de principe de novembre, les Lenkov avaient accepté la demande de la LCF.

PHOTO HUGH WILLIAMS, ATTORNEY AT LAW MAGAZINE

Selon nos informations, Jeffrey Lenkov (notre photo) et son frère Peter auraient conclu une entente de principe avec la Ligue canadienne de football (LCF) à la fin de novembre pour acheter les Alouettes de Montréal.

Jeffrey Lenkov n’a pas rappelé La Presse pour commenter le dossier de la vente des Alouettes.

Clifford Starke, lui, s’est plaint publiquement du processus de vente des Alouettes géré par la LCF. « Globalement, je suis heureux pour les amateurs, ça bouge dans la bonne direction et ils [MM. Spiegel et Stern] semblent être de vrais bons gars. Mais non, je n’ai pas eu le sentiment que j’avais eu une chance légitime et, pour une raison quelconque, personne ne m’a dit pourquoi », a dit M. Starke mardi en entrevue avec La Presse canadienne. M. Starke dit avoir promis d’injecter jusqu’à 35 millions dans l’équipe avec preuve de fonds, selon La Presse canadienne.

— Avec la collaboration de Miguel Bujold, d’Alexandre Pratt et de La Presse canadienne

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