4e au 50 km en style classique: «Crève-cœur»

PYEONGCHANG | Les Jeux olympiques savent créer l’euphorie autour d’une médaille d’or, mais ils sont aussi porteurs de la plus grande tristesse dans d’autres occasions. Les larmes partagées entre Alex Harvey et son père Pierre, à l’issue de sa quatrième place au 50 km en style classique de samedi, ont déchiré les cœurs.

Le fils contenait visiblement sa peine en commentant sa déception « la plus dure » en carrière lorsque son père, en pleurs, s’est approché pour le serrer dans ses bras. Les émotions ont lâché à ce moment.

Il a remonté son cache-col en demeurant réfugié derrière ses verres fumés. Les deux hommes sont restés de longues secondes sans mots pendant que des médias du Québec assistaient à la scène en silence. Un moment fort de haute teneur en intensité.

« C’est probablement la plus dure, c’est sûr. Quatrième, c’est la position la plus dure, mais quand on avait fini quatrième à Vancouver (au sprint par équipe avec Devon Kershaw), c’étaient mes premiers Jeux, j’avais 21 ans et il n’y avait pas véritablement d’attente sur nous. C’était quasiment comme une médaille d’or, tandis que, là, ce n’est pas le cas », avait-il affirmé quelques minutes plus tôt.

« C’est une des courses les plus difficiles à digérer. Pas parce que je n’ai aucun regret, parce que j’ai vraiment tout donné jusqu’au dernier centimètre, mais juste parce que, quatrième, c’est dur à avaler. »

« On y croyait »

On a perçu dès le 19e kilomètre que les médailles d’or et d’argent deviendraient difficiles à atteindre lorsque le Finlandais Iivo Niskanen a provoqué le peloton et que le Kazakh Alexey Poltoranin et le Russe Alexander Bolchunov ont répondu. Ce trio s’est maintenu en tête de course durant 18 km, jusqu’à ce que Poltoranin ne faiblisse et voit la médaille de bronze lui glisser des mains.

Avec 5 km à jouer, un groupe de quatre skieurs, dont Harvey, a avalé Poltoranin. La médaille de bronze devenait le seul enjeu restant pour ce quatuor et le Russe Andrey Larkov, dans l’ultime montée à moins de 1 km de l’arrivée, a porté le coup fatal. Le Québécois et le Norvégien Martin Johnsrud Sundby n’ont pu résister et ont dû se résigner à débattre entre eux jusqu’à la fin pour la quatrième place.

« C’est crève-cœur, c’est sûr. On y croyait, surtout quand l’écart avec Poltoranin est passé à 50 secondes, 42, 30, 25. On y croyait beaucoup. Non, finir quatrième, c’est quand même difficile », a exprimé le skieur de 29 ans.

« Tu es super bon, lui a glissé son père en ravalant des sanglots. Tu as battu tous les Norvégiens, je sais que ce n’est pas assez, mais c’est bon. Tu as travaillé en tout cas. Je le voyais dans ta face comment c’était dur à la fin. »

« De toute façon, on s’en fiche de la médaille », a ajouté le paternel dans sa mission de consoler.

« C’est la vie »

Le bilan du skieur québécois à ses troisièmes et derniers Jeux olympiques se lit comme suit : 7e au départ individuel du 15 km en style libre, 8e au skiathlon de 30 km, 32e au sprint individuel en style classique et 8e au sprint par équipe avec Len Valjas.

Puis, encore plus significative que douloureuse, cette arrivée cruelle au pied du podium.

« Ça reste que c’est mon meilleur résultat aux Jeux. Ç’a été une super belle course, mais je ne pense pas pouvoir la digérer. Il va juste falloir l’accepter. Il n’y a pas à être déçu de ça. Au moins, il n’y a pas de regret. Il faut juste accepter que c’est la vie, que c’est le sport.

Ça prend quelqu’un qui finit quatrième... »

50 KM STYLE CLASSIQUE

Résultats

1-Iivo Niskanen, Finlande, 2 h 8 min 22 s

2-Alexander Bolshunov, Athlète olympique de Russie, + 18,7 s

3-Andrey Larkov, Athlète olympique de Russie, + 2 min 37 s

4-Alex Harvey, Canada, + 2 min 43 s 6 s

5-Martin Johnsrud Sundby, Norvège, + 2 min 43 s 7 s

26-Devon Kershaw, Canada, + 9 min 27 s 3 s

27-Graeme Killick, Canada, + 10 min 6 s 7 s

49-Russell Kennedy, Canada, + 16 min 55 s

(72 concurrents au départ, 63 ont complété)