Il avait déjà gagné tous les tournois du Grand Chelem. Il avait même remporté la Coupe Davis et le Masters. Novak Djokovic pouvait déjà être fier de son palmarès exceptionnel. Mais de ce point de vue, il a atteint encore un stade supérieur à Cincinnati. Il était maudit dans l'Ohio. Il a vaincu cette malédiction dimanche en dominant Roger Federer en finale (6-4, 6-4). Le Djoker s'est ainsi offert ce sacre qui lui manquait pour compléter sa collection. Il a désormais gagné tous les tournois estampillés Masters 1000. Et il est le seul à avoir dans son armoire tous les trophées des tournois majeurs sur une année calendaire.
Djokovic n'a pas tardé à réaliser la portée de son exploit. "C'est sans aucun doute un des moments les plus spéciaux de ma carrière, a lancé le Serbe dès l'entame de sa conférence de presse après sa victoire. Réaliser des exploits, écrire l'histoire du sport que j'aime vraiment, tout cela est un privilège et un honneur dont je serai fier pour le restant de mes jours. Je l'avais déjà mentionné cette semaine, la perspective de remporter ce trophée m'a beaucoup motivé. Mais en même temps j'essayais de ne pas trop y penser, pour éviter de me mettre trop de pression sur les épaules."
C'était préférable. Si un Masters 1000 n'a pas le prestige d'un tournoi du Grand Chelem, cela reste un parcours du combattant pour le remporter. Celui de Djokovic est l'exemple parfait. Ses six adversaires étaient tous classés parmi les 33 premiers joueurs mondiaux. Il a affronté - et battu - Grigor Dimitrov, Milos Raonic et Marin Cilic, trois hommes qui ont déjà figuré au moins une fois dans le Top 3 mondial. Et au bout de ce chemin de croix, il y avait le Maître, Roger Federer. "En arrivant, j'avais conscience d'avoir toujours perdu contre lui sur ce court", a reconnu "Nole".
"Roger n'a pas joué à son meilleur niveau"
Pas cette fois. "Je croyais en mes chances parce que mon niveau est allé en s'améliorant au fil des matches", a avoué Djokovic. Celui de Federer a suivi le chemin inverse. Et le Serbe en est conscient. "Roger n'a pas joué à son meilleur niveau, a-t-il estimé. Il a manqué beaucoup de retours, et ne se déplaçait pas si bien que ça. Je pense qu'il n'a pas joué aussi bien que lors de ses matchs précédents cette semaine. Mais j'ai su de mon côté être solide et l'empêcher de développer son tennis d'attaque. Et je suis vraiment content de la manière dont j'ai su contrôler mes nerfs sur la fin."
Roger Federer et Novak DjokovicGetty Images
Si Federer a été loin de jouer son meilleur tennis, cela n'enlève rien à la qualité de la performance de Djokovic. Et ce que cela représente pour lui de venir à bout du Suisse, trois fois vainqueur du Serbe en finale à Cincinnati (2009, 2012, 2015) avant que le Djoker n'inverse enfin la tendance. "C'est extraordinaire parce que c'est mon premier trophée ici et c'est face à lui, a-t-il résumé. Federer, Nadal, ils ont tellement fait partie intégrante de ma vie, de ma carrière et de mon évolution en tant que joueur de tennis. Ils m'ont fait jouer mon meilleur tennis. Ils m'ont permis de m'améliorer."
C'est ce qui donne encore une autre dimension à sa victoire à Cincinnati. Son 31e trophée en Masters 1000 et son 70e en carrière va venir garnir une salle déjà bien remplie. "Oui mais elle est plus petite que celle de Roger ou de Rafa, a relativisé Djokovic. Ou de Jimmy Connors. Mais bien sûr, je prends bien soin de mes trophées. La plupart d'entre eux sont en Serbie. Mes parents, et en particulier mon père, sont très fiers et les gardent précieusement." Ce sera encore plus vrai pour celui-ci. Depuis le temps qu'il l'attendait.
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