Pour justifier l'échange majeur effectué lundi par les Maple Leafs, plusieurs médias, principalement de Toronto, évoquent la fameuse «fenêtre d'opportunité».
Les Leafs ont tout de même cédé leur choix de première ronde et deux espoirs intéressants pour obtenir le défenseur Jake Muzzin.
Mais la formation torontoise n'a pas remporté la Coupe Stanley depuis 1967 et entrerait dans une courte phase de quelques années où elle a une chance réelle de soulever à nouveau le trophée, selon plusieurs observateurs. Vraiment?
Comparons la moyenne d'âge des Leafs avec celle du Canadien, par exemple, un club en réinitialisation.
Devant le filet, leur numéro un, Frederik Andersen, a eu 29 ans en octobre, et son auxiliaire a 25 ans. À Montréal, Carey Price aura 32 ans cet été et son adjoint, Antti Niemi, en a 35.
En défense, la moyenne d'âge des Maple Leafs se situe à 27,8 ans, contre 27,5 ans pour le Canadien. Si l'on soustrait Ron Hainsey, 37 ans, désormais relégué à la troisième paire, de l'équation, cette moyenne atteint 26 ans.
À l'attaque, le Canadien a une moyenne d'âge de 24,9 ans, contre 25,5 ans pour les Maple Leafs. À 39 ans, Patrick Marleau vient lui aussi augmenter la moyenne. Si on le retire de l'équation, la moyenne des Leafs atteint 24,2 ans.
Les Penguins ont remporté une première Coupe Stanley avec leur noyau actuel en 2009. Sidney Crosby avait 21 ans, Evgeny Malkin 22 ans, Kristopher Letang 21 ans et Marc-André Fleury 23 ans. Les joueurs de soutien autour d'eux ont changé au fil des années, mais ils ont réussi à en remporter deux autres, sept ans et huit ans plus tard, en 2016 et 2017.
Auston Matthews et Mitch Marner ont tous deux 21 ans. Morgan Rielly en a 24. William Nylander 22, tout comme Kasperi Kapanen. Même John Tavares, malgré toutes ses années d'expérience, a seulement 28 ans.
En quoi le DG des Leafs, Kyle Dubas, ressentait-il l'urgence de tirer si rapidement sur la gâchette pour obtenir un défenseur de bientôt 30 ans, joueur autonome sans compensation dans un an et demi, et un tantinet surévalué?
D'autant plus que la banque d'espoirs des Leafs est beaucoup moins garnie qu'un club comme le Canadien. Ils auront éventuellement besoin de profondeur lorsque le plafond salarial les coincera.
Muzzin demeure un défenseur de qualité. Il apportait une grande stabilité aux Kings au sein de la deuxième paire avec Alec Martinez. Même si la mobilité ne constitue pas son plus grand atout, il compense par son intelligence et son gabarit imposant. Il peut même amasser une quarantaine de points par saison.
Quand Marc Bergevin affirmait avec insistance sa volonté de ne pas céder de choix de première ronde et, ou, d'espoir de premier plan pour des joueurs qui n'allaient pas transformer son club, il faisait sans doute référence à Muzzin.
Malgré tout le tintamarre autour des Leafs depuis le début de la saison, le CH demeure à deux points de Toronto au classement, avec deux matchs de moins à disputer cependant.
Le premier choix cédé aux Kings devrait se situer entre le 19e et le 31e rang (si les Leafs remportent la Coupe). Les espoirs les plus intéressants ont déjà été choisis à ce rang, mais il y a moyen de trouver des perles. Ryan Poehling n'a-t-il pas été repêché au 25e rang?
On dit de ce repêchage qu'il n'offre rien d'alléchant après les 20 premiers espoirs choisis. Les repêchages sont trompeurs et se révèlent parfois beaucoup plus riches que prévu quelques années plus tard.
On reproche à l'un des deux espoirs cédés par les Kings, Carl Grundstrom, de ne pas avoir percé la formation torontoise cet hiver. Le jeune homme vient d'avoir 21 ans et en est à sa première année professionnelle en Amérique du Nord. Il avait néanmoins 29 points, dont 13 buts, en 42 matchs avec les Marlies et 24 points en 35 matchs à Frolunda, dans la Ligue d'élite de Suède, à 19 ans seulement la saison précédente. Il ne deviendra pas un Patrik Laine, mais sans doute un Artturi Lekhonen.
Le défenseur Sean Durzi, lui, produit à un rythme de plus d'un point dans les rangs juniors cette saison. Mais les Leafs ont choisi de le laisser dans les rangs juniors une année supplémentaire plutôt que de l'envoyer dans la Ligue américaine, comme le Canadien l'a fait avec Cale Fleury. Y a-t-il anguille sous roche?
Il n'empêche que pour un club en reconstruction, ou réinitialisation, comme les Kings, l'affaire a été concluante. Il faudra voir comment Muzzin s'adaptera (en peu de temps) à un nouveau système de jeu et surtout à un nouveau marché, où la pression est nettement plus intense qu'à Los Angeles.
Le Canadien a des lacunes en défense lui aussi. Bergevin ne semble pas vouloir adopter la même démarche que Dubas. Des renforts seraient néanmoins bienvenus.
Mais pourquoi dépenser ses 75 billes pour un camion usagé, mais fiable, et ne pas plutôt en mettre 150 pour un bolide neuf et beaucoup plus puissant?
Je m'attendais d'ailleurs à un échange de ce genre pour les Maple Leafs, avec William Nylander en appât, par exemple, pour un Alex Pietrangelo ou un Jacob Trouba.
Hampus Lindholm ou Cam Fowler à Anaheim coûteraient beaucoup plus cher que Muzzin. Mais Lindholm vient d'avoir 25 ans, possède beaucoup de mobilité et de flair, joue en moyenne 25 minutes par match. Fowler vient d'avoir 27 ans. Il joue en moyenne 24 minutes.
Malgré sa saison plus difficile, Fowler possède un excellent potentiel offensif. Les Ducks, en quête de relève à l'attaque pour remplacer éventuellement les Ryan Getzlaf et surtout Ryan Kesler, au bout du rouleau, seraient prêts, dit-on, à sacrifier l'un de leurs défenseurs. Lindholm est beaucoup plus complet et fiable, mais est-il sur le marché?
Philadelphie est dans une situation semblable. Les Flyers regorgent de bons jeunes défenseurs gauchers: Ivan Provorov, Robert Hagg, Travis Sanheim et Shayne Gostisbehere. Le nouveau DG Chuck Fletcher est sans doute prêt à tendre l'oreille dans le contexte où les Flyers vivent une période de transition.
La banque d'espoirs du Canadien demeure bien garnie. Au centre attendent Ryan Poehling, Nick Suzuki ou même Joni Ikonen, qui joue à cette position, sans oublier Jesse Ylonen, Jacob Olofsson ou Brett Stapley.
Même en déplaçant éventuellement Max Domi à l'aile, il resterait une seule place pour Poehling ou Suzuki au centre, puisque Jesperi Kotkaniemi occupera une place pour les 15 prochaines années et Phillip Danault, dans un scénario plausible, constituera un troisième centre de luxe pour encore huit à dix ans.
Pour un vétéran ou un joueur de location, non, mais pour un défenseur de premier plan de 25 ans ou moins, je n'hésiterais pas à sacrifier un Poehling ou un Suzuki, quitte à en choquer quelques-uns.
* * *
À LIRE
L'ailier rapproché Ron Gronkowski en sera-t-il à son dernier match en carrière lors du Super Bowl dimanche? Miguel Bujold explique pourquoi le Gronk pourrait prendre sa retraite à seulement 29 ans.
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Quelle était l'urgence pour les Maple Leafs? | Mathias Brunet | Mathias Brunet - LaPresse.ca"
Post a Comment