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Canadien : lorsque le capitaine tient la forme | ICI - ICI.Radio-Canada.ca

Il lance une rondelle aux partisans.

Shea Weber a été nommé la première étoile du match entre le Canadien et les Kings.

Photo : Associated Press / USA Today Sports

Alexandre Gascon

Pour franchir une autre étape dans sa réinitialisation, cette année, le Canadien misait sur les possibilités de croissance interne de sa formation. Le retour en force de Shea Weber, enfin libéré de ses douleurs, venait en tête de lice.

Il aura fallu attendre quelques matchs pour voir le capitaine se redresser de toute son imposante stature. Lors des premiers duels de la saison, le rendement de Weber inquiétait presque, Jeff Petry lui ayant clairement ravi le poste de défenseur numéro un de l’équipe.

Mais voilà que, depuis deux semaines environ, le grand numéro 6 se veut rassurant.

À 1,93 m (6 pi 4 po) et 104 kg (230 lb), possible que la machine tarde à se mettre en marche en début de campagne. Weber est davantage un moteur diesel, diraient les cyclistes. Un gros rouleur, costaud, constant, lent au départ, mais une fois lancé, difficile à arrêter. Un peu comme le petit castor.

Dans la victoire contre les Kings, toute la panoplie y était.

Plus de 25 minutes de temps de glace, un sommet chez le Tricolore, deux buts marqués sur des pétards en avantage numérique, 13 (!) tentatives de tirs au total et, surtout, une maîtrise presque parfaite du premier trio de Los Angeles, le seul véritablement en mesure de faire mal au CH.

C’était la seconde fois que Claude Julien réunissait Weber et Ben Chiarot au sein du même duo. Encore une fois, il a eu la main heureuse. Contre les Bruins, les deux arrières avaient limité le trio de Patrice Bergeron à un seul lancer sur Carey Price à forces égales. Samedi soir, le trio d'Anze Kopitar a dirigé cinq tirs sur le gardien.

Le site spécialisé Natural Stat Trick accorde seulement une chance de marquer de qualité à Kopitar et ses acolytes dans toute la rencontre à cinq contre cinq. C’est bien peu.

On a tendance à l’oublier, mais Weber a passé l’essentiel des deux dernières saisons à jouer soit blessé, soit dans un processus de retour en forme. Il y a deux ans, le capitaine avait abdiqué après 26 rencontres. On l’avait d’abord opéré au pied au mois de mars, puis au genou en juin.

L’an passé, il avait amorcé la saison à la fin novembre, deux mois après ses coéquipiers. Même si ses débuts furent prometteurs, son manque de matchs l’a rattrapé à partir de février.

« C’est juste normal. Il était revenu en milieu de saison d’une blessure. C’était difficile pour lui de jouer au niveau auquel il le souhaitait. Cette fois, il a commencé en même temps que tout le monde et ça fait une grosse différence », a résumé Julien.

L’an dernier, le Canadien a tenu le fort en son absence. Son avantage numérique en a beaucoup souffert, bien que l’ancien des Predators n’ait pas été en mesure de corriger quoi que ce soit une fois de retour.

D’ailleurs, avant le match de samedi, Weber s’était trouvé sur la glace pour seulement deux buts des siens avec l’avantage d’un homme. Il a inscrit un doublé contre les Kings – dont un but, magnifique, en saisissant son propre retour à la volée – qui lui permet maintenant d’occuper seul le 11e rang de l’histoire pour les buts marqués par un défenseur à cinq contre quatre avec 101.

Deux réussites classiques venues du haut des cercles à la droite du gardien. Le genre de tirs que Weber n’arrivait pratiquement plus à décocher récemment.

« Cette année, il n’y a pas vraiment d’équipes qui nous ont donné le lancer à Shea. Ils nous faisaient jouer de l’autre bord, ils bloquaient son lancer sur réception. On ne s’est pas compliqué les choses, on lui a donné la rondelle et on l’a laissé lancer », a résumé Jonathan Drouin, complice des deux jeux.

Deux joueurs de hockey célèbrent un but.

Le capitaine du Canadien Shea Weber est félicité par Jonathan Drouin après avoir marqué en première période face aux Kings.

Photo : Reuters / USA Today Sports

En théorie, un Weber en pleine forme, malgré ses 34 ans, devient une arme fatale en avantage numérique, un roc à cinq contre cinq, une présence apaisante sur le banc, un meneur d’hommes dans le vestiaire.

Exactement le genre de personnage dont le CH a besoin pour guider ses nombreux jeunes joueurs (Cale Fleury, Nick Suzuki, Ryan Poehling et, oui, Jesperi Kotkaniemi) à travers les affres des premières saisons dans la LNH, de ses hauts et de ses bas.

Il aura la légitimité de le faire toutefois, que s’il continue à offrir un rendement solide, idéalement dominant même, comme ce fut le cas samedi soir.

Et la progression interne viendra alors autant des performances du sage capitaine expérimenté que de l’amélioration des jeunes pousses, couvées par le monsieur.

En rafale

Ben Chiarot a aussi offert une prestation inspirée à la gauche de Weber. Julien souhaite utiliser ce duo avec parcimonie, a-t-il répété quelques fois cette saison, surtout contre des équipes qui misent sur un trio vraiment plus explosif que les autres.

Ils sont irréprochables après deux matchs. Au point où l’on peut se demander s’ils ne deviendront pas éventuellement des partenaires réguliers. Toujours est-il que Chiarot a énormément progressé dans le système de l’entraîneur. Rien pour surprendre son capitaine toutefois.

Je n’ai pas appris grand-chose sur lui. J’aime son jeu, il joue bien, il joue dur. Il bouge bien pour un gars de sa taille. Peut-être que bien des gens n’étaient pas au courant de ça avant, mais j’en étais bien conscient. J’aimais son jeu bien avant qu’il débarque ici.

Shea Weber à propos de son partenaire à la ligne bleue, Ben Chiarot

Un autre vétéran s’est également illustré. Le doyen de l’équipe, Nate Thompson a marqué son premier but de la saison contre son ancienne équipe. À 14 minutes de moyenne par rencontre, le vétéran de 35 ans obtient pratiquement le temps de jeu d’un centre de troisième trio ou, du moins, d’un quatrième trio de luxe. L’entraîneur lui a encore une fois confié d’importantes missions défensives.

« Il nous donne l’expérience dont on a besoin, parce qu’on peut être jeunes au centre, que ce soit Kotkaniemi, Poehling ou Suzuki. Si on a besoin d’un gars en relève tard dans un match, si on a besoin d’un joueur après un avantage numérique, quand les équipes reviennent avec leur gros trio, c’est important d’avoir de l’expérience. C’est là que Thompson vient en relève, il est capable de jouer contre les meilleurs trios adverses.

« À la fin de la dernière saison, plusieurs joueurs ont dit qu’ils voulaient qu’il revienne. On a décidé vite qu’on pourrait l’utiliser. Pourquoi? Sur la glace, il apporte de l’expérience et hors glace, c’est un pro et un meneur. Sur la patinoire, il n’y a pas de négatif, il a excédé nos attentes », a fait valoir Julien.

Une autre de ces acquisitions anodines de Marc Bergevin drôlement payantes à moyen terme.

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